Quand notre apprenti Fromin FRANGI vit une aventure unique à la cabane Britannia !
La vie d’un apprenti ne doit pas être un long fleuve tranquille, et c’est tant mieux ! Ce sont souvent les expériences au-delà de la zone de confort qui permettent d’en apprendre davantage sur soi-même et d’acquérir les réflexes qui font les véritables professionnels. Notre apprenti Fromin FRANGI en a fait l’expérience : transporté à 3030 mètres d’altitude pour intervenir dans un refuge de haute montagne, il a vécu une aventure qui restera gravée dans sa mémoire.
Racontez-nous votre parcours et comment vous avez choisi la voie de l’apprentissage en installations sanitaires.
Fromin FRANGI : J’ai 22 ans et suis actuellement en quatrième et dernière année d’apprentissage en tant qu’installateur sanitaire. Avant cela, j’ai obtenu un baccalauréat en marketing, mais sans réelle conviction. Mon père, peintre en bâtiment, m’a donné l’opportunité de faire quelques expériences sur le terrain, ce qui a éveillé mon intérêt pour le secteur. En discutant avec lui des différents métiers du bâtiment, il m’a recommandé le domaine du sanitaire, qu’il considère comme un métier sûr. J’ai suivi son conseil et réalisé un premier stage dans une entreprise locale. Bien que cette prise de contact se soit bien déroulée, elle n’a pas débouché sur une embauche. C’est finalement Constantin SA qui m’a contacté, me permettant d’intégrer leur équipe et de débuter mon apprentissage.
Vous avez récemment vécu une expérience particulière. Pouvez-vous nous en parler ?
Absolument. En septembre dernier, j’ai eu la chance de participer à une intervention exceptionnelle à la cabane Britannia, située à 3 030 mètres d’altitude, dans les Alpes valaisannes. Cette mission m’a permis de collaborer avec un autre apprenti fraîchement diplômé. Nous avons été transportés en hélicoptère au refuge. À notre arrivée, nous avons dû décharger les outils et le matériel, vérifier que tout était en ordre, et rencontrer l’équipe sur place. Cette mission consistait principalement à moderniser les installations sanitaires pour optimiser la consommation d’eau.
Quels ont été les travaux réalisés et pourquoi étaient-ils nécessaires ?
À cette altitude, l’eau est une ressource limitée. Le refuge fond la neige en hiver et la stocke dans de grands réservoirs pour les périodes où il ne neige pas. Mais avec l’augmentation des visiteurs, l’eau devenait insuffisante. Notre mission était donc d’optimiser la dépense d’eau. Nous avons remplacé trois anciens urinoirs par des modèles sans eau de la marque Geberit. Ces urinoirs sont équipés d’un système à turbine qui évacue l’urine sans odeur. Nous avons également renouvelé les canalisations, passant d’un diamètre de 32 mm à 50 mm. Enfin, nous avons installé des robinets pour permettre l’entretien des toilettes, dans le respect des normes suisses actuelles.
Que ressent-on lorsqu’on travaille à plus de 3 000 mètres d’altitude ?
C’était à couper le souffle, au sens propre et figuré ! On ressent vraiment le manque d’oxygène à cette altitude. Les conditions étaient rustiques : trois jours sans douche, avec un débit d’eau très limité. Pourtant, c’était une expérience extraordinaire. Pas de réseau, pas d’internet… Ça m’a permis de me déconnecter complètement. Les paysages étaient incroyables, et le fait d’être coupé du monde m’a ouvert les yeux sur une autre manière de vivre. Ça m’a donné envie de découvrir davantage la montagne et de relativiser le confort moderne.
Que retenez-vous de cette expérience, humainement et professionnellement ?
Cette aventure m’a appris sur moi-même et sur l’importance du travail en équipe. Elle m’a ouvert les yeux sur des choses simples, mais essentielles. En étant déconnecté, on apprend à apprécier la nature, le moment présent et les relations humaines. Cette mission m’a aussi conforté dans mon choix professionnel. Et surtout, elle m’a donné envie de vivre d’autres expériences hors du commun. C’est une leçon de vie que je n’oublierai jamais. Professionnellement, c’était très formateur. À 3 000 mètres, on ne peut pas se permettre de travailler seul. L’organisation, la solidarité et la motivation collectives sont essentielles. J’ai également eu la confirmation de l’importance d’un travail bien préparé en amont. Les moindres détails, comme le choix du matériel ou l’installation des nouvelles canalisations, ont un impact énorme dans un environnement aussi particulier.
Genèse d’un projet solidaire et formateur en altitude
Chaque année, le Groupement Romand des Maîtres Ferblantiers et Installateurs Sanitaires (GRMFIS) s’engage pour une œuvre caritative à l’occasion de son assemblée générale. En 2024, l’idée a émergé de créer un projet qui allie solidarité et formation professionnelle. C’est en discutant avec Marc Renaud, président de la commission des cabanes du Club Alpin Suisse (CAS), que la cabane Britannia a été identifiée comme nécessitant d’urgence une rénovation de ses installations sanitaires. Le GRMFIS a alors mobilisé des partenaires pour réunir du matériel offert par des grossistes sanitaires, avec l’aide de l’École de la construction de Tolochenaz. Sous la supervision de Jean Pasquier, enseignant spécialisé en technique sanitaire, deux apprentis — dont Fromin FRANGI, apprenti en 4e année chez Constantin SA — ont participé à cette mission exceptionnelle de trois jours en montagne. Grâce au soutien de Constantin SA, qui a mis à disposition son apprenti, cette initiative a pris vie. L’implication personnelle d’Olivier Cots directeur général, lui-même membre du CAS, a permis de renforcer le lien entre le projet et les valeurs de solidarité et de dépassement qui animent les passionnés de montagne. Une belle démonstration de la manière dont la formation professionnelle peut répondre à des besoins concrets tout en transmettant des valeurs humaines essentielles.