Construire en ville ? Un parcours d’obstacles inquiétant pour l’avenir

En Suisse, construire devient de plus en plus difficile – voire décourageant. Entre les oppositions à répétition, la protection excessive de bâtiments, des procédures d’autorisation interminables et une frénésie réglementaire, les projets immobiliers s’enlisent. À Bâle, l’introduction d’un plafonnement des loyers en cas de « pénurie » – définie de manière irréaliste – a dissuadé les promoteurs. Résultat : les logements neufs chutent, les rénovations stagnent, les immeubles se dégradent… et les locataires en paient le prix.

Genève connaît la même situation depuis des années, avec un marché quelque peu asphyxié malgré des loyers parmi les plus élevés du pays. Comme le soulignent Rudolf Minsch et Fabian Scheidegger (economiesuisse), ces réglementations bien intentionnées produisent l’effet inverse : moins de logements, plus de rareté, et donc plus de pression sur les prix.

La récente étude d’economiesuisse sur le développement territorial dresse un constat similaire : il faut simplifier, accélérer, assouplir. Les communes doivent oser densifier, repenser les plans de zones et faciliter la verticalité. Le fédéralisme offre une chance unique d’inventer des solutions adaptées localement.
Mais, tout n’est pas perdu. Des villes comme Bienne ou Sempach montrent qu’un développement intelligent et concerté est possible. Avec courage politique et vision à long terme, construire peut redevenir synonyme de progrès — pour l’économie comme pour les habitants.

Quelques chiffres pour situer l’ampleur du problème :
– À Genève, un projet de construction met près de 500 jours à obtenir une autorisation, un record suisse .
– En ville de Zurich, il faut désormais 330 jours en moyenne pour obtenir une autorisation.
– Seulement 12 % des logements sont rénovés à Genève, contre 31 % à Zurich — un signe clair du frein aux investissements provoqué par la régulation.
– Genève affiche la plus faible proportion de pompes à chaleur parmi les grandes villes suisses. Le chauffage y est encore largement assuré par des chaudières non renouvelables.
– À Bâle, les logements construits ont chuté de 1169 en 2022 à 450 en 2024, un effondrement attribué à la réglementation.
– 71 % des projets de construction à Zurich ont fait l’objet d’oppositions en 2023.
– La Suisse devrait construire 10 000 logements supplémentaires par an pour répondre à la croissance démographique — or, les autorisations sont en recul depuis 2018.
– Près de la moitié des réserves de terrains à bâtir se trouvent dans des zones peu attractives, mal desservies, éloignées des centres.